Nous sommes ravis de continuer cette conversation autour de Glissant et de la créolisation. Tout en découvrant des personalités uniques à travers les continents, par-dessus les océans, comment cet échange pourrait-il être plus apte? Trouvez ci-dessous un message de Dominique Aupiais (troisième depuis la gauche avec son groupe Renesens au Théâtre de St-Gilles à la Réunion) en réponse à Animesh Rai, ainsi qu'une biographie dans laquelle Dominique Aupiais raconte sa vie créolisée, ainsi que la grande perte qu'il a subie et qui a redirigé le trajet de sa vie.
En réponse à Animesh Rai, voici un message de Dominique Aupiais: "En lisant votre interview sur Réunionniais du Monde, j'ai appris avec bonheur que votre directeur de recherche avait été Edouard Glissant dont je partage les idées concernant la pratique culturelle et sociale des créolisations. Comme lui, à mon petit niveau, je souhaite par ma recherche actuelle favoriser la connaissance de l’imaginaire des peuples dans leur diversité, notamment celui des peuples d'origine celtique dont l'imaginaire est particulièrement fécond, et se rapproche en cela de celui des Indiens. La créolitude est très marquée par cette rencontre particulière des hommes qui dépasse le simple contact culturel et a permis, malgré les affres de la servitude et de l'engagisme dans les Mascareignes, mais également malgré l'esprit hégémoniste de certains Français en Inde et à Madagascar, de créer des liens profonds entre des civilisations très différentes. L'imaginaire, le rêve, les croyances, les pratiques culturelles partagés furent facteurs de compréhension, de reconnaissance mutuelle, de luttes communes pour résister à la loi implacable du plus fort, du dominant. En cela, la créolisation reste encore aujourd'hui un atout pour l'équilibre social et un exemple à suivre. Je vous remercie de votre contribution à faire connaître cette valeur humaniste créole, tout en conservant vos racines indiennes dont vous pouvez être fier, tout comme je le suis de mes racines bretonnes. "
Dominique Aupiais
Le parcours unique et original de Dominique Aupiais:
Né dans un petit village de Bretagne, près de Saint Nazaire, le 13 mai 1954.
Immigré à La Réunion en 1974. Marié à une Réunionnaise en 1976. Trois garçons. Divers emplois au service du développement agricole puis enseignant jusqu'en 1990. Installation comme agriculteur sur une petite exploitation de polyculture élevage et quelques gîtes ruraux à Ste Suzanne. C'est toujours mon activité principale.
Artiste dans l'âme, j'ai écrit sept livres édités par les éditions du Grand Océan à l'île de La Réunion. Le premier, paru en Bretagne, "Entre Créole et Breton, ces racines qui nous libèrent" est autobiographique et idéologique (régionalisme). Les suivants sont des recueils de poésies, de nouvelles et de textes philosophiques engagés. J'ai aussi fondé en 1998 le groupe de musique créoloceltique RENESENS dont vous trouverez de nombreuses références sur Internet.
En 2005, je perds mon fils cadet Damien (23 ans) dans un accident de taxi à Madagascar, alors que nous nous rendions au festival de Nosy Bé. C'est un coup très dur. Mon ami Professeur Sudel Fuma, directeur de la chaire UNESCO de l'océan Indien, m'invite alors à reprendre mes études universitaires afin de poursuivre le cursus de Damien qui était inscrit en Master II à l'université de La Réunion. Je me lance dans ce nouveau challenge, obtient mon Master (mention TB) en 2007 avec un mémoire s'intitulant "Les propositions de statut politique des colonies françaises par le R. P. Francis Aupiais, de 1925 à 1945" et publié sous le titre "Le Révérend Père Francis Aupiais, un humaniste breton pour une reconnaissance africaine". Mon grand oncle est un des premiers ethnographes de l'Afrique noire. Il a réalisé des films de valeur reconnue sur les cérémonies vodoun au Dahomey (actuel Bénin) et s'est battu pour la reconnaissance en Europe des cultures africaines. Depuis, je poursuis un doctorat à La Réunion, toujours sous la direction du Professeur Fuma.
Contribué par Dominique Aupiais, publié par Arabella Hutter
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