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Wednesday, July 29, 2015

Un agresseur ou une amatrice de framboises?

Émergeant de la station de métro près du World Trade Center à 17 heures, je me fais figure de petite paysanne de Brooklyn. Accablée par la foule. C'est une réaction viscérale. Je m'immobilise sous le choc, alors que les gens se précipitent dans tous les sens autour de moi. Il y a de nombreuses années, quand nous vivions en tribus, si nous tombions sur un autre être humain, soit nous la/le connaissions  soit elle/il était un ennemi. Les gens que nous ne connaissions pas étaient porteurs de danger. Ce qui est encore le cas de nos jours, voir le film "CRASH"Il nous fallait lire le visage de chaque nouveau venu: ami/ennemi? Maintenant, nous sommes sensés ne rien lire du tout, ni nous approcher, ni leur faire de croche-patte ou leur sauter au cou: nous ignorons nos congénères, ça s'appelle l'anonymat de la grande ville. 


Le bruit nous alertait également du danger. Il le fait encore, par exemple, si l'on entend une sirène hurler ou des balles exploser ou des éléphants tomber du ciel sur l'asphalte. Les sons nous avertissent des dangers qui ne sont pas toujours dans notre champ de vision et pourraient venir à notre rencontre. Dans une grande ville, nos sens nous fournissent des alertes que nous supprimons, parce que nous sommes soumis à des sons, dont certains non identifiables, toute la journée et toute la nuit.


C'est évident, je sais. Wow, je viens de découvrir que la vie dans une métropole est stressante.


Mais revenons à la foule. Pour remonter à l'époque où soit nous connaissions soit nous ne connaissions pas la personne qui arrivait en sens inverse. Si nous la connaissions, nous étions au courant de son histoire. Elle aimait à rouler en bas d'une pente quand elle était petite. Son père est mort lors d'une chasse. Ou elle était timide et ne jouait pas avec les autres enfants. Elle a refusé prétendant après prétendant jusqu'à ce qu'un visiteur d'une autre tribu l'ait convaincue de le suire. Elle aimait les framboises.


De même, avec toutes les personnes que je croise sur le territoire de la ville, je suis étourdie par la multitude de leurs récits inconnus. Je remarque des indices: leur âge, leur langage corporel, l'expression sur leur visage, leurs vêtements. Ça ne suffit pas. Je veux connaître chaque histoire de chaque personne, si elles préfèrent les framboises ou les fraises, si leur premier amour les a blessé, quelle partie de leur âme grimpe vers les nuages. Impossible bien sûr, mais, je travaille à quelque chose d'approchant: le Grand Projet Secret de Blog qui sera lancé à l'automne.


Pour le moment, je me pose la question: ai-je atteint le stade d'intolérance à la vie citadine où je devrais me réfugier dans une hutte au fond des bois et recevoir au maximum un visiteur par jour?