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Thursday, March 11, 2010

De Vinci sur le divan de Freud

La page comprenant le souvenir du "vautour"

Leonard de Vinci, un souvenir de son enfance, par Sigmung Freud est étonnamment touchant. Il dévoue de nombreuses pages à défendre sa théorie extravagante: que les événements de notre enfance modèlent notre affectif d'adultes, même si nous n'en sommes pas conscients. Ses théories et celles d'autres psychoanalystes étant entrées dans notre baggage commun, ses protestations semblent naïves: ben, évidemment, Sigmund, ça s'appelle l'inconscient. De surcroît, analyser un artiste par-dessus les siècles est une tentative passionante et paradoxale, puisque Leonardo aurait certainement trouvé ces théories absurdes. Enfin pas si sûr, de la part de cet artiste visionnaire! Freud nous donne la biographie de Leonardo dans ses grandes lignes. Enfant illégitime, il vivait avec sa mère qui était une paysanne. Son père était un notaire qui épousa une femme de sa classe l'année de la naissance du petit Leonardo. Comme le couple était infertile, le père et sa femme choisirent d'adopter l'enfant quand il avait cinq ans.

Voici le souvenir de Leonardo, dont il fait part dans un texte sur les vautours. Il s'agit peut-être de la seule référence que Leonardo ait faite à son enfance:
"Questo scriver si distintamente del nibbio par che sia mi destino, perché ne la mia prima ricordazione della mia infanzia è mi parea che, essendo io in culla, che un nibbio venissi a me e mi aprissi la bocca colla sua coda, e molte volte mi percotessi con tal coda dentro alle labbra."
"Il semble que j'étais destiné à m'occuper de vautours, car dans l'un de mes premiers souvenirs, je me rappelle, il me semble, que j'étais dans mon berceau quand un vautour descendit vers moi, et ouvrit ma bouche avec sa queue, dont il me frappa entre les lèvres de nombreuses fois."

Freud explique que le souvenir a été transformé par l'inconscient de Leonardo. Selon son interprétation, la queue, qui ayant le même sens en argot italien qu'en français, est une image du pénis, remplace le sein dans la bouche du bébé. Le vautour serait une représentation de sa mère naturelle. Leonardo aurait probablement su grâce à des écrits des Pères de l'Eglise que, d'après les Egyptiens, tous les vautours étaient des femelles fécondables seulement par le vent. Comme sa mère. Ce souvenir altéré exprimerait l'absence du père et la relation intensément érotique avec sa mère qui, selon Freund, aurait causé son homosexualité. Cependant, il semble que le mot "nibbio" signifie en fait la buse et non le vautour, le terme aurait été mal traduit dans le texte que Freud a consulté. Cette théorie est aussi intéressante au vu que Leonardo était obsédé par le désir de voler, pour rejoindre sa première mère?

Freud passe ensuite à l'analyse du tableau de Leonardo intitulé St-Anne avec Madonne et Enfant (les reproductions de ce tableau et de la gravure décrite plus bas se trouvent dans une autre entrée de ce blog: http://bilingualblogbilingue.blogspot.com/2010/03/sigmund-freud-gets-all-artistic_09.html). Il remarque que les femmes, semblent partager un seul corps et des membres en commun. De plus, avec leurs sourires identiques à la Joconde, elles paraissent avoir le même âge. De manière convaincante, Freud avance que les femmes représentent les deux mères dans la vie du petit Leonardo. Certains ont vu la forme d'un vautour couché dans la partie supérieure de la robe grise que porte la Madonne. Un freudisme peut-être! Les experts jugent que la gravure est postérieure au tableau. Freud propose qu'elle est antérieure et que Leonardo aurait supprimé le petit St-John sur la gauche afin de corriger la fusion des corps. Je trouve que la gravure a une composition plus classique et statique, alors que le groupe du tableau semble sur le point de s'écrouler. Cette effet rend la composition plus dynamique, comme si le petit Jésus allait tomber des mains de sa mère. Il semble déchiré entre son amour pour elle et son désir de s'enfuir en compagnie du petit agneau. Freud ne parle pas de cet animal qui symbolise traditionnellement l'innocence et de son rapport à la famille. Il semble aussi penser que la Madonne représente la mère naturelle de Leonardo. Pourtant, la position retirée de St-Anne, à l'arrière-plan, correspond mieux au rôle de la mère naturelle, dont la présence planerait sur le couple de la mère et du bambin.

A la fin de sa vie, Freud déclara que ce livre était probablement son préféré parmi les nombreux textes qu'il a écrits.




Contribué par - - Arabella Hutter