Après ce passage si intéressant à Pondichéry et dans les îles de l'Océan Indien, je retourne brièvement à "The Art of Memory" de Frances Yates. Mon intérêt pour ce livre ne vient pas de ce qu'il offre une technique de mémorisation utile. Je suis sûre que, avec tous les manuels de ci et de ça offerts dans les librairies, vous en trouveriez une pléthore dédiés à toutes sortes d'inventions mnémoniques. Ce qui a retenu mon attention dans ce livre, c'est la thèse paradoxale que Yates développe: cette technique de mémorisation inventée dans l'antiquité et modifiée au moyenâge aurait influencé le dévelopement de la culture occidentale. Au moyen âge, au lieu d'utiliser un temple comme locus où situer des objets de mémorisation, on choisit le paradis. Ou l'enfer. Cet espace fut divisé en cercle, en loges, dans le but d'offrir les loci nécessaires. Et Yates offre comme hypothèse que cette structure élaborée comme outil de mémorisation, est entrées dans l'imaginaire en transformant la conception du paradis et de l'enfer. Et par extension, l'habitude occidentale de tout fragmenter et classifier. Voir par exemple les fresques et tableaux du moyen âge (ci-dessus, Maesta, de Duccio). L'Enfer (et le Paradis) de Dante. Je me délecte du paradoxe qu'une technique servant à mémoriser des productions culturelles ait évolué en un instrument de transformation de l'imaginaire et de ses oeuvres.
Cet imaginaire aurait par la suite bifurqué dans une direction plus spécifique à partir du XVIème siècle. Giulio Camillo construisit, sans jamais le finir, un Théâtre de la Mémoire (représentation ci-dessus élaborée par Yates). Ce demi-cercle en bois était divisé en sept parties qui étaient divisées en sept, et encore en sept pour donner 343 compartiments. Les divisions étaient astrologiques et portaient des emblèmes et symboles. D'un seul coup d'oeil, on pouvait voir toute la science ... des alchimistes. Ainsi, après avoir développé l'imaginaire religieux au moyenâge, l'art de la mémoire devint ésotérique avec la Renaissance..
Contribué par - - Arabella Hutter
Curiosity is not going to kill this cat/La curiosité n'a jamais été un vilain défaut.
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Tuesday, February 9, 2010
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