Sunday, June 22, 2014

Adorable Derrida


Je trouve qu'il n'y a rien d'adorable chez Jacques Derrida. Sauf ses parents. Trois anecdotes:

Les parents de Derrida l'ont nommé Jackie en honneur au petit garçon dans le "Kid" de Chaplin. Qu'y pourrait-il y avoir de plus adorable? Il a changé son nom plus tard en Jacques, plus distingué.

A un repas avec des amis, ceux-ci félicitaient Derrida de ce que "différance" avec un a était entré dans le dictionnaire. La mère de Derrida s'est tournée vers lui, avec ce reproche: "Oh, Jackie, tu n'as pas su écrire juste "différence"?!"

Sa mère gisait mourante dans son lit d'hôpital. Elle gémissait. Derrida s'est penché vers elle:

"Où souffres-tu, Maman?"
" J'ai ... mal ... à ... à .... ma ... mère."

Publié par  - -  Arabella Hutter




As far as I'm concerned, there is nothing adorable about Jacques Derrida. It's a different case when it comes to his parents. Here are three anecdotes:

His parents named him Jackie, after the little boy in Charlie Chaplin's "The Kid'.  How adorable is that? Later, Derrida changed his name to Jacques, which sounds more elegant.

At a dinner party, Derrida's friends were congratulating him on his "différance" having made it into the French dictionary.  Différance being a word that Derrida created to express a different concept from "différence", as it is usually spelled. Derrida's parents turned to him, upset: "Jackie, come on, didn't you know how to spell "différence" correctly?

Finally, as his mother was dying in her hospital bed, Jacques leant towards her and asked where she hurt. She replied, barely audibly:

"I ... hurt ... at ... my ... mother..."





Monday, February 24, 2014

Un petit bijou de kitsch/A gem of kitsch in Midtown, New York





On croit connaître sa ville comme la paume de la main, et c'est toujours un ravissement de découvrir un événement inattendu, un endroit unique. Je parcourais rapidement la 32ème rue entre deux rendez-vous, quand une étrange entrée attire mon attention, entre deux bâtiments. Placée à distance de la rue, elle donne l'impression d'ouvrir sur un bâtiment en sous-sol, comme la Penn Station qui est si vaste et pourtant semble ne pas avoir de surface: qui a jamais vu la Penn Station de l'extérieur?
Je n'ai pas vraiment le temps, mais la tentation est irrésistible: je m'aventure. On dirait l'entrée d'une clinique ou d'un bureau des services sociaux. Il me faut immédiatement choisir entre l'église du haut ou celle du bas. Friande de paradoxe, je descends l'escalier. Pour la suite, voir les photos. 
L'église du haut a très nettement un caractère XIXème penchant vers un mélange d'extrême gothique préraphaélisme romanesque flamboyant, mais l'église du bas s'apparente aux halls de gare années 50s, quand on s'est enfin mis à penser à la facture de chauffage et on a construit des plafonds bas, et aux cryptes moyenâgeuses pour le frisson. Dans les deux, beaucoup d'Asiatiques, Philippins je suppose, et de Latinos, jeunes et vieux. Les fidèles prient à genoux avec ferveur, puis quêtent les faveurs des saints par le contact de l'or, en caressant leurs têtes, en effleurant leurs pieds.
Mérite trois étoiles dans le Guide Bleu qui ne les donnera jamais, évidemment, soyons sérieux.

We think we know our city like the palm of the hand, and it is a delight to come upon an unexpected event , a unique place. I am quickly pacing 32nd street between two appointments, when a strange doorway between two buildings catches my attention. Back from the street, it gives the impression of opening on a basement, like Penn Station, which is so vast and yet seems to have no exterior shell : who has ever seen Penn Station from the outside?
I did not really have the time, but the temptation was irresistible : I ventured. The entrance looks like it would lead to a clinic or social services offices . I must immediately choose between the lower or the higher church. Fond of the paradox , I walk down the stairs. For more, see photos.
The upper church has very much a 19th Century character leaning towards the flamboyant , but the lower church is similar to a station concourse from the 50s, when thoughts went to the heating bill , and  to a medieval crypt for the thrill. In both, many Asians, Filipinos I suppose, and Latinos, young and old. The faithful pray kneeling with fervor and hope to gain the favor of the saints by the contact of gold, stroking their heads, worshiping their feet.
Deserves three stars in the haughty Guide Bleu which will never award them, obviously, soyons sérieux s'il vous plait.

                                               

Publié par / published by Arabella Hutter















Eglise du Haut/Higher Church






Friday, January 31, 2014

Un miroir au coin de l'Univers

J'écoutais à la radio un jeune philosophe américain anthropique, David Chalmers, affirmer que nous avons une raison d'être. Nous serions la conscience de l'Univers. Nous en serions les peintres, les poètes, les musiciens, les philosophes. Sans nous, l'Univers ne saurait pas qu'il existe.


 Cette proposition nous brosse les poils à rebours. Après des siècles où le Christianisme a mis l'homme au centre de l'Univers, enfant chéri de Dieu, nous avons fait le dur apprentissage de l'humilité, étape après étape. La terre n'est pas au centre de l'Univers et le soleil ne lui tourne pas autour. Les animaux ont aussi des droits. Nous ne sommes pas la création ultime de Dieu, mais un accident de parcours dans l'évolution biologique. Le monde est aléatoire et non voulu par Dieu. Voilà notre crédo, en tant qu'intellectuels européens. Il a été forgé au XXème siècle par Heidegger, Sartre, Lévy-Strauss et les autres.

Arrivent des penseurs et scientifiques qui bouleversent ces certitudes. D'anthropocentrisme, ils passent à l'anthropisme. Leur théorie peut être interprétée de deux manières. D'une part, on peut la prendre simplement comme une vision de la réalité, une optique. Il est indéniable que nous ayons une conscience qui nous permet d'avoir conscience, justement, de l'univers. J'apprécie le côté poétique de cette version de l'humanité, nous autres femmes, hommes minuscules sur notre minuscule planète dans une des innombrables galaxies du cosmos, que nous en soyons le miroir. Sans nous placer au centre de l'univers, au contraire, nous sommes dans un coin, à refléter l'émerveillement de l'univers. S'il n'y avait pas de conscience, l'existence de l'univers, ainsi que son essence seraient ignorés. C'est assez facile à accepter. 

Le second aspect de la proposition, que notre raison d'être soit notre rôle de miroir est plus difficile à avaler. Même s'il est intéressant d'aller à contre courant et de considérer la possibilité que nous ayons une raison d'être. Si notre existence a un but, cela présuppose une entité supérieure qui l'ait choisi. Evidemment, le candidat de choix pour ce poste est dieu, ce qui ferait plaisir aux Créationnistes. Dieu ou autre, il présuppose une conscience qui gère et alors nous ne sommes plus les seuls à être conscients de l'univers.

Certains de ces philosophes affirment aussi, statistiques à l'appui, que nous serions les seuls êtres dans notre univers, mais qu'il y aurait d'autres univers qui produiraient aussi des êtres conscients. Je trouve cette interprétation des statistiques douteuses. Par contre, assez sympathique d'imaginer ces autres univers avec ces autres consciences, comme nous voyons nos compagnons humains dont nous savons qu'ils ont chacun une conscience sans pouvoir jamais en faire l'expérience. Mais quant à moi, j'espère fermement que nous ne sommes pas les seuls dans notre univers et qui nous allons faire connaissance tout bientôt.

Cette théorie présuppose aussi que les animaux n'ont pas conscience de l'univers. Je consulte mon chat. Il est assis à la fenêtre. Il regarde l'univers. Peut-être que sa perception sans mots, sans imagerie, sans théories, dans une ontologie pure, est plus adaptée à ce qu'est vraiment l'univers que la nôtre.

Publié par  - - Arabella Hutter