Friday, May 13, 2011

Sculptures of sculptures - Guy Laramée

Guy Laramée sculpts different subjects into books. Some represent sculptures which have been destroyed by the Taliban. He destroys old books to produce representations of destroyed sculptures. Which one deserves to be preserved, the book or the ancient statue?  What determines the value, the right to live, of an object such as an old book which might never be read again? An ancient Buddha statue? I'm not sure, artists can walk a sharp ethical edge. Guy Laramée's sculptures are for sale.
























Tuesday, May 10, 2011

Feeding the Birds

Bin Laden's death has resulted in a whole range of reactions. Here's Jon Ferguson's, which I find particularly apt. I just want to add that Khalid Sheik Mohammed's subjection 183 times to waterboard torture is said to have produced Bin Laden's messenger's name. Oh, and one more thing: Bin Laden lived in some of the poorest regions of the world for 10 years with a 25 million dollar offer on any information leading to his arrest. Nobody snitched.

Feeding the Birds

In spring, when the weather is nice, I am wont to eat my lunch on a park bench between the Café Beau Rivage and Lac Leman. Most of my colleagues stay at school at midday, but I need to get away to keep a grasp on my sanity. Teaching thirteen, fourteen, and fifteen-year olds today is not what it used to be thirty-seven years ago when I started. Maybe it’s me who has changed the most. Maybe it’s the kids. In any case, I need to take a hike whenever I can.

I always buy a salad, a roll, and some fruit juice. I never touch wine until after work and a heavy meal at noon just makes me want to go to sleep. My take-out place is run by a woman from Sri Lanka whom I probably should have married in an ideal world. She has black hair combed off her face, ivory teeth that seem illuminated, a dancing chest, shiny lips, and a smile that makes ordering her food a daily pleasure. Her marriage brought her to Switzerland, but ended in a quick divorce. I was already in the country when I wed. I’m still here after divorcing. In the four years since I started frequenting “Les Bonnes Choses” I’ve never seen her in a bad mood. All her sandwiches, paninis, foccacias, and salads are always fresh, crisp, and copious.

I take my bag and walk to my bench of predilection. It faces the lake, the Alps, and a large patch of beautiful flowers. Behind me and to my left is the café of one of the finest hotels in the world. Rich people eat there on a terrace in the sun. They have more time than me for lunch. There are two lines of trees wherein sparrows wait for people to give them bits of bread. I wonder if the birds “know who we are” and recognize us when they see us coming.

I don’t start throwing the rest of my roll until I have finished my salad. I don’t like eating with beggars at my feet. But I always save at least half of my roll for the birds. And they always come, dropping to the ground from the heavily leafed trees like planes to an aircraft carrier. Within seconds of my first toss, there are a couple dozen of them. I break what bread I have left and try to satify as many of them as possible.

Yesterday was the day Bin Laden was shot in the head, “just above the left eye” the news said. Evidently a unanimous shout of joy went up across America. From sea to shining sea arms and hands were raised to the sky and voices proclaimed that justice had finally been done.
Yesterday while I was feeding the birds there were two children playing behind me. Suddenly one of them made a sound like the “pop” of a cork gun, the kind you don’t see anymore. All of the birds immediately took flight in unison. I was left alone on my bench to finish the last bite of bread and to think about how nature works.


Contributed by - - Jon Ferguson

Published by - - Arabella Hutter

Tuesday, May 3, 2011

authentique ou frime?

J'ai une demi heure à perdre. Il fait doux, je fais un crochet par Washington Square. Je passe devant un violoncelliste qui profite de l'acoustique sous la grande arche du square. Je l'écouterais bien, mais son son est assommé par le vacarme des planches à roulette sur les pavés de béton. Un groupe d'étudiants chantent accapella au milieu du square. Ils sont une quinzaine, à s'arracher les poumons, les coeurs, les tripes pour les promeneurs du soir. Je les filme. Il est temps d'aller à la séance du festival de l'écriture. Un homme noir s'approche de moi.
Vous avez aimé la musique? Vous l'avez filmée?


  Oui, ils chantent avec conviction.
  Moi aussi je chante.
  Quel genre de musique?
 Je mélange, jazz, impro, ça vient de l'intérieur.
Il est très mince, assez grand, un beau visage. Passé la cinquantaine. Une robe noire qui s'ouvre sur un collier massif comprenant une croix, un pantalon noir, un grand turban noir. Il me demande si je suis en visite à New York. Non, j'habite ici. Il me sort une grande tirade sur les Américains, qu'il dit ne pas aimer, sur New York qui était tellement plus vivante dans les années 80 et 90. 
Je ne sais pas. J'ai eu deux enfants depuis que je suis à New York. Ma vie a tellement changé que je suis incapable de me faire une perception continue de la ville. Je viens de Suisse.
Je connaissais un Suisse, Günther, un mec tout petit qui rapportait toujours du vin suisse. 
Et toi, d'où viens-tu?
Du Nigéria.
Du coup, les sirènes d'alarme se mettent en route dans ma tête. Le Nigéria. Exportation numéro un: l'escroquerie.
Il me raconte qu'il attend un paiement (un frère du président a 50 millions de dollars bloqués dans un compte?) et qu'il prévoyait s'acheter une guitare, une guitare verte dans un magasin près du square. Va-t-il me demander de l'aider à acheter sa guitare? Son regard furète aux quatre coins. Que craint-il? Mais c'est égal. Un être humain avec une belle gueule et une dégaine somptueuse a droit à mon attention. Je n'ai pas besoin d'accepter une demande de prêt.
Dommage, la guitare verte a été vendue. Chaque fois que je vais dans ce magasin et que j'essaie une guitare, quelqu'un l'achète tout de suite.
Excuse-moi, mais il faut que je m'en aille, je vais à un événement du festival des écrivains. Je m'appelle Arabella. Et toi?
Christian. Tu as une carte de visite?
Oui, bien sûr.
On se voit pour une tasse de café?
Je suis très occupée ces temps, et j'ai un rhume des foins paralysant. 
Je m'en vais, m'inquiétant que je lui aie donné ma carte de visite, qu'il l'utilise pour vol d'identité. Si je soupçonnais tous les êtres m'entournant, il me faudrait vivre au quotidien avec une perception aigre de l'humanité. Je marche d'un bon pas, jusqu'au Meat District. Quand j'y travaillais dans une boîte de production, on y vendait encore de la viande, le trottoir était glissant de restes organiques. Maintenant, j'ai l'impression de traverser le tournage d'une publicité pour Prada. Des clichés s'imposent à ma rétine à chaque tournant: Deux jeunes femmes très minces en robes courtes descendent un escalier, alors que la musique qui s'échappe du club sans enseigne, comble du chic à New York, fait vibrer les plaques d'égoût. J'apperçois entre des voitures deux paires de chaussures à talons et plate-forme vertigineux puis les chaussures se munissent de jambes fines, puis du corps de deux jeunes femmes accompagnées de deux hommes qui arrêtent un taxi. A peine entrée dans l'hôtel où se tient la séance, une nouvelle série de clichés, une jeune femme noire en robe noire, allongée comme un point d'exclamation, est présentée sur un canapé de cuir blanc. Deux jeunes hommes dans des habits chics lèvent la tête quand je passe, avec cette expression d'arrogance spécifique aux publicités pour la mode. Riches, jeunes et beaux.  Je prends l'ascenceur et arrive dans un lobby enfumé. Pas de cigarettes ou de cigares, c'est interdit! Du gaz carbonique comme dans les fllms, pour faire semblant. Deux jeunes femmes sur les châteaux qui leur servent de chaussures, affublées de tiares, sont en robes courtes et vestes de fourrures. Il fait 25C. Malheureusement, elles sont assises derrière moi, et n'arrêtent pas de gigoter, de taper sur leurs téléphones, de chuchoter pendant la séance. Qui est inégale. Ecrivains, conteurs, photographes sur le thème ghost stories. Et se termine par l'intervention du manager de l'hôtel. C'est à lui sans doute que l'on doit le prix modique de la séance dans cet hôtel de luxe, on n'a probablement pas pu lui refuser le micro. Il raconte une histoire complètement inintéressante de fantômes qu'il a vus dans un hôtel à Bali. Le public applaudit poliment. La tête me tourne.

A la séance ghost stories



Contribué par  - -  Arabella Hutter